Reprise d’exploitation S’installer en arboriculture alpine
À 26 ans, Kévin Collomb s’apprête à reprendre le flambeau de l’exploitation de Luc Barniaudy, à Garde-Colombe dans les Hautes-Alpes. Une installation hors cadre familial dans laquelle il s’épanouit pleinement.
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«Je n’avais jamais mis les pieds dans un verger ! », sourit Kévin Collomb. Trois ans après son installation, ce fils d’éleveurs ovins de la vallée du Buëch, dans les Hautes-Alpes, n’a pas de regrets. « La ferme de mes parents se trouve à une vingtaine de kilomètres de la mienne, explique-t-il. Mais il était difficile d’envisager une installation supplémentaire avec l’arrivée prévue de mon frère. »
Le hasard va mettre Luc Barniaudy sur sa route. Cet arboriculteur alpin n’a pas de repreneur et souhaite transmettre son exploitation, située à Garde-Colombe dans les Hautes-Alpes, à un jeune motivé. Kévin n’a que 20 ans quand il le recrute, en 2014, pour la récolte de pommes, dans le cadre d’un contrat Tesa (1).
Apprentissage avec le cédant
« Ça m’a plu, se souvient le jeune homme. J’ai découvert un univers totalement différent de l’élevage : un verger et des terres à l’irrigation, des pratiques culturales que je ne connaissais pas et des pistes de diversification à explorer. »
Dans le cadre de son installation, Kévin a planté 2 ha de poiriers avec de la QTee, une nouvelle variété Club productive et bicolore. © DR
Un an plus tard, il est engagé comme apprenti tout en préparant un BTS « production horticole et arboricole ». Depuis 2018, il est cogérant de l’exploitation dont il a racheté la moitié des parts.
En mai prochain, ce sera le grand saut. Luc partira à la retraite. « D’emblée, le courant est bien passé entre nous, confie son successeur. Il a fait preuve de beaucoup de pédagogie. Il m’a appris à tailler les arbres et à observer les vergers de manière à bien positionner les traitements, mais également à gérer les chantiers de récolte et le personnel, ce qui n’est pas une mince affaire. Nous faisons, en effet, appel à une dizaine de saisonniers à cette période. »
Conversion en agriculture biologique
L’instructeur s’est aussi montré ouvert aux changements opérés par Kévin. En 2018, ce dernier a converti en agriculture bio 2 ha de pommes Reinette du Canada et planté 2 ha de poiriers avec de la QTee, une variété Club bicolore et productive. L’année suivante, il a mis en place 1 ha de poires William, une espèce prisée des consommateurs. « Il y a de la demande pour des poires de qualité en France, indique le jeune exploitant. Je commercialise ma production de pommes Golden auprès de l’industrie des compotes pour bébé, cependant le verger est vieillissant. Il était indispensable de renouveler les plantations et de diversifier les espèces et les variétés. » Cette extension de la gamme lui a, en outre, permis d’allonger son calendrier de production puisqu’il récolte les poires, dès la fin août, pour enchaîner avec les pommes jusqu’à fin septembre.
Désireux de diversifier les sources de revenus de l’exploitation, le jeune agriculteur s’est lancé dans la culture de semences de tournesol, de colza et de maïs. © DR
Production de semences
Kévin s’est aussi lancé dans la production de semences. Il multiplie du tournesol et du colza, depuis 2018, de même que du maïs, depuis 2020, sur 5 ha. « Sur nos parcelles d’altitude, les rendements sont peu élevés. Je me suis donc orienté vers des cultures rémunératrices sur des petites surfaces. C’est aussi une source de revenus additionnelle pour l’exploitation. » Pour les semenciers, ces parcelles isolées de tout et irriguées présentent une configuration idéale. Les premiers résultats sont d’ailleurs très encourageants.
Adhésion à des collectifs
« Tous ces projets sont épanouissants, confie le jeune agriculteur. Les collectifs auxquels j’adhère, l’organisation de producteurs SA GP 05 Superalp pour la rénovation du verger et la Cuma, grâce à laquelle j’ai accès à des outils performants et mutualisés pour les cultures, m’ont permis de m’intégrer dans cette filière que je ne connaissais pas. » Il reconnaît que le travail est intense et a ses aléas. « Nous ne sommes jamais à l’abri d’un coup de gel au printemps. »
Devenir éleveur ? Kévin n’y pense même plus. « Les attaques de loup ont rendu ce métier extrêmement difficile et éprouvant », regrette-t-il en évoquant l’exploitation de ses parents.
Chantal Sarrazin
(1) Titre emploi simplifié agricole.
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